On parle beaucoup d’intelligence artificielle dans le recrutement : elle trie, analyse, compare, prédit même parfois. Elle nous fait gagner du temps sur des tâches à faible valeur ajoutée. Mais il reste une chose qui n’est pas (encore ?) à sa portée : avoir de l’intuition.
L’intuition du recruteur, ce n’est pas de la magie. C’est le fruit de l’expérience, des rencontres, de l’écoute. C’est cette capacité à sentir qu’un mot, un ton, un silence veulent dire autre chose.
Un exemple très simple : un candidat me parlait de son poste actuel… au passé. Un détail infime, presque rien.
Je lui demande : « Vous n’êtes plus en poste ? »
Il me répond, sûr de lui (ou presque) : « Si, bien sûr. »
Quelque chose sonnait faux. Un simple appel au standard de son entreprise, sans même me présenter, m’a confirmé ce que mon intuition avait perçu : il n’y travaillait plus.
Elle mesure, calcule, recoupe, mais elle ne “ressent” pas. L’intuition, elle, surgit d’une perception globale, d’un lien invisible entre plusieurs signaux faibles que seule une expérience humaine permet de relier.
Les émotions ne se codent pas. Un silence, une hésitation, une étincelle dans le regard n’ont pas de valeur numérique. Pourtant, ce sont souvent elles qui révèlent le vrai.
Ce n’est pas une opposition entre raison et ressenti : l’intuition vient compléter l’analyse. Elle aide à trancher quand tout semble “rentrer dans les cases”, mais qu’un élément invisible dérange.
Avec le temps, le cerveau humain mémorise des milliers de micro-situations. Ce n’est pas de la divination, mais une forme d’intelligence cumulative. C’est cette mémoire émotionnelle que l’IA ne possède pas.
L’IA pourra assister le raisonnement, mais elle ne remplacera jamais la résonance. Recruter, c’est relier des histoires, des valeurs, des projets — pas seulement des compétences et des mots-clés.
L’avenir du recrutement ne sera pas 100 % humain, ni 100 % automatisé. Il sera hybride.